Comme chaque année, la Fondation Xaley participe à la Journée des Enfants Africains qui est célébrée en commémoration du soulèvement étudiant le 16 juin 1976 à Soweto, en Afrique du Sud, où plus de 500 étudiants ont été massacrés pour protester contre les politiques éducatives de l’Apartheid .
À cette occasion, le directeur de la Fondation Xaley, Chérif Samsédine Sarr, a pris la parole en tant que conférencier lors d’un webinaire organisé par le mouvement She Decides, qui défend un monde plus juste et plus sûr où les femmes décident de leur corps, de leur vie et de leur avenir.
Les différents panélistes d’organisations telles que The Girl Generation et L´Association Protégeons L´Enfant Sénégal, ont parlé des conséquences physiques et psychologiques sur les enfants victimes de maltraitance et de violence.
Bien que le Sénégal soit un pays stable et sans conflit, nous négligeons les situations de maltraitance qui n’assurent pas une paix positive, en particulier pour les femmes et les enfants.
Chérif nous a donné une clarification conceptuelle entre paix positive et paix négative. Pour le sociologue Johan Galtung, une distinction doit être faite entre ces deux types de paix.
La paix est l’absence de violence structurelle telle que la famine, le racisme, le sexisme ou la répression politique.
Nous parlons de paix positive lorsque nous nous trouvons dans une situation sociale où non seulement il n’y a pas de violence physique (manifeste) mais aussi pas d’exploitation sociale (violence structurelle). En période de paix positive, la réalisation de la justice est importante.
D’un autre côté, nous parlons de paix négative lorsque l’on se trouve dans une situation où il n’y a certainement pas de violence physique directe, cela se manifeste, mais il y a une violence invisible, une exploitation mutuelle.
Au Sénégal, le cas des enfants des rues est un parfait exemple de paix négative. Aujourd’hui, il est presque normal de voir un enfant dans la rue dans des conditions totalement déshumanisantes. La normalisation de la situation des enfants des rues vient de ce fait. La politique publique s’est concentrée sur la préservation d’une paix négative au détriment d’une paix positive. Et malheureusement, ce sont les couches les plus vulnérables qui subissent cette violence structurelle.
Travailler sur ces concepts et appliquer les fondements d’une paix positive rendrait la souffrance des enfants plus visible.
À la Fondation Xaley, nos actions en faveur des enfants consistent en des projets de développement des capacités organisationnelles des associations d’enfants et des projets éducatifs de transformation sociale.
Nous avons principalement travaillé avec le Mouvement des Enfants et des Jeunes travailleurs (MAEJT), qui abrite des associations formées par ces groupes qui luttent dans les quartiers pour la reconnaissance de leurs droits. Nous sommes favorables à une approche multipartite qui cible particulièrement les filles, qui sont les plus grandes menaces dans ce type de maltraitance.
Il est prioritaire pour nous, d’éviter l’application mécanique de certaines normes et principes susceptibles de créer des conflits au sein de la famille et de la société sénégalaise par exemple. Tout doit être basé sur des valeurs endogènes, sur des réalités sociales, culturelles et religieuses qui mettent les droits des enfants en contexte.
Comme l’a souligné Carol Bellamy, directrice de l’UNICEF. « L’investissement d’aujourd’hui dans l’enfance est la paix et la stabilité de demain, la sécurité, la démocratie et le développement durable de l’avenir. Loin d’ignorer la voix de la jeunesse africaine, il faut écouter. »